LES MALADIES 

LA MYXOMATOSE

IMPORTANCE DE LA MALADIE

C'est une maladie encore très présente en France et à l'étranger, tant sur les lapins de garenne que sur les lapins d'élevage, industriel ou de plaisance. Le lapin nain semble un peu moins sensible. Autrefois très saisonnière et de diagnostic facile, la myxomatose s'exprime désormais toute l'année et revêt des formes atypiques plus difficiles à déceler.

ORIGINE DE LA MALADIE

Sa résistance dans le milieu extérieur est très grande puis qu'on considère qu'il peut vivre dix mois au moins sur une peau de lapin mort. Il existe plusieurs souches de virus myxomateux et toutes n'ont pas la même pathogénicité. Certaines vont provoquer une maladie fort peu dangereuse avec peu de mortalité, d'autres, notamment les souches californiennes, peuvent provoquer une maladie entraînant 100 % de mortalité sur des sujets non vaccinés. En France, la maladie s'est développée suite à l'inoculation du virus à des lapins nichant dans la propriété du domaine de Maillebois en Eure-et-Loir. Depuis, elle a gagné toutes les populations cunicoles françaises. De nombreuses formes, variantes de la forme nitiale, existent aujourd'hui. La contamination se fait par piqûre d'insecte, par transmission via la semence du mâle (même par insémination artificielle), par simple contact.

SYMPTÔMES ET LÉSIONS
LES FORMES CLASSIQUES

La forme aiguë:
C'est probablement une des formes les plus anciennement connues. L'évolution de la maladie est rapide, la mortalité est forte . C'est aussi une des formes de myxomatose qui tend à disparaître au profit d'autres à évolution moins rapide.

 La forme nodulaire classique:
C'est la forme qui est évoquée généralement lorsqu'on parle de myxomatose. Elle est certes encore très bien représentée en élevage de type fermier mais tend à devenir moins présente en élevage industriel. Le lapin nain, lorsqu'il exprime la myxomatose, l'exprime sous cette forme en quasi-exclusivité. Elle apparaît essentiellement durant les périodes où les insectes ont une recrudescence d'activité (du printemps à l'automne) en clapiers. L'inoculation du poxvirus se fait alors par la piqûre des insectes (moustiques, mouches).
Dans les terriers de lapins de garenne, elle peut se développer toute l'année car c'est la puce piqueuse du lapin qui est le vecteur du virus. Au printemps, les insectes piqueurs retrouvent le virus à partir du lapin de Garenne contaminé. Il apparaît alors au point d'inoculation un premier petit myxome (une simple rougeur ou une petite papule).
Puis, le virus se multiplie et se dissémine. Apparaissent alors des nodules sur les paupières, les oreilles, les parties génitales, le nez .

LES FORMES CHRONIQUES

RESPIRATOIRES
Au cours de ces dernières années on a vu apparaître, dans les élevages industriels à forte densité, habituellement protégés contre les insectes, une forme de myxomatose dite "respiratoire". Il est souvent assez difficile de différencier cette virose d'une pasteurellose si l'on s'en tient au seul examen de quelques adultes. En effet, les signes cliniques qui prédominent sont un coryza (suppuration des voies respiratoires hautes) et une blépharite (inflammation de la paupière). Quelques myxomes très réduits apparaissent sur les adultes dans la maternité (nez, oreilles, oeil, organes génitaux en général). On observe aussi souvent des macules congestives dans les oreilles  et sur les organes génitaux. Dans les élevages contaminés, on peut cependant observer, sur les jeunes à l'engraissement, simultanément, des formes nodulaires classiques.L'inoculation peut être intranasale par simple contact avec un sujet malade. Dans ces conditions, on n'observe pas de lésion de myxome primaire. L'incubation varie de 7 à 13 jours. Les signes cliniques peuvent cependant apparaître dans certains cas 20 jours après contact. On comprend dès lors que la forme respiratoire de la myxomatose, qui n'est pas obligatoirement transmise par les insectes, soit présente en élevage toute l'année.

 LA FORME "BOUTONS ROUGES" DES LAPINS ANGORA

Le terme de maladie des boutons rouges a été donné par les éleveurs de lapins angora à une forme particulière de la myxomatose. Après épilation des animaux, se développent des nodules cutanés rosés qui deviennent rapidement hémorragiques et croûteux. Ils n'apparaissent que sur les zones épilées.Il est souvent isolé de ces lésions des staphylocoques. Une étude détaillée de cette affection a montré qu'il s'agissait en fait d'une forme particulière de myxomatose, des virus étant également retrouvés dans ces nodules.

 

DIAGNOSTIC

Les formes nodulaires classiques sont en général faciles à diagnostiquer. Les nodules myxomateux non surinfectés ne sont pas chauds et leur situation sur l'animal est caractéristique. Il est possible de confondre les formes plus discrètes. Les myxomes génitaux peuvent être confondus avec des croûtes dues à une Tréponématose (bien que cette dernière soit très rare). La forme respiratoire peut être confondue avec une pasteurellose. On réalisera alors un examen histologique permettant de mettre en évidence les corps de Splendore typiques de la maladie virale. Pour cela, un petit morceau de myxome (paupière, vulve, oreille ou peau) sera fixé dans du formol à 10 %. On peut aussi rechercher les anticorps, témoins du passage viral.  

PRÉVENTION

La myxomatose est très contagieuse et le virus est très résistant dans le milieu extérieur Un seul virion peut déclencher une maladie. Quelques souches de lapins peuvent présenter une résistance naturelle (sans doute liée à des capacités génétiques particulières) à certaines formes de la maladie. C'est notamment le cas de beaucoup de souches naines. Des équipes de chercheurs travaillent actuellement sur ce sujet et tentent d'isoler le ou les gènes responsables de cette résistance. En matière de myxomatose, la prévention peut se faire à plusieurs niveaux (vecteur, virus, lapin).
On veillera tout d'abord à effectuer une prévention contre les insectes piqueurs. A cet effet, seront installées des moustiquaires lorsque l'élevage le permettra et des insecticides seront mis en permanence dans l'élevage.
Une désinfection d'ambiance poussée est souhaitable afin de réduire le microbisme au maximum. On évitera toute transmission accidentelle par les seringues en changeant d'aiguille autant que possible à chaque animai ou en utilisant un appareil réalisant des injections en intra-dermo.
Enfin, la vaccination est la seule façon efficace de protéger un élevage contre la myxomatose.La vaccination doit prendre en compte tous les sujets et être durable. Aucune période "sans vaccination" ne peut être tolérée sans prendre de risque. C'est en particulier le cas des animaux dits de "precheptel" qui sont souvent mal vaccinés. On leur portera une attention toute particulière afin de respecter les protocoles établis pour chaque individu. On considère actuellement que l'immunité cellulaire (due à des cellules) est plus importante en matière de myxomatose que l'immunité humorale (due à des anticorps). En effet, des lapins qui reçoivent une forte dose d'anticorps ne sont pas obligatoirement protégés. C'est le cas des lapins traités en laboratoire mais également de lapereaux qui reçoivent le lait maternel, naturellement riche en anticorps. La protection est alors très fugace, elle consiste simplement à empêcher le virus de se fixer sur des cellules cible pour se multiplier. Ce type d'action protectrice n'est pas très utile contre des virus qui ont pour tissu d'élection des cellules du derme, peu drainées par des anticorps circulants. L'immunité active post-vaccinale est donc surtout liée au développement de lymphocytes spécifiques. Une réaction d'hypersensibilité retardée existe aussi. C'est elle qui permet par exemple de révéler après vaccination un virus sauvage dans un élevage infecté mais qui ne présentait pas de signes cliniques auparavant. On évitera donc, autant que faire se peut, toute vaccination en milieu infecté sans en mesurer le risque. Aucun lapin infecté latent ne devrait être vacciné, elle se révèle en effet nulle sur des animaux contaminés.

Parfois, même si la preuve scientifique n'a pu être établie, le vaccin agit comme s'il provoquait une immunodépression permettant à une bactérie de se développer. Il arrive donc parfois qu'une pasteurellose se développe suite à une vaccination. Il est alors conseillé de ne pas employer le vaccin homologue pour la primo-vaccination en élevage sanitairement mal contrôlé. Sachant tout cela, le programme vaccinal qu'il nous est possible de proposer est le suivant:Primo-vaccination à 4 semaines avec un vaccin hétérologue à base du virus du fibrome de Shope. En milieu sain on pourra utiliser un vaccin homologue (SG33) qui protège plus efficacement. Il n'est pas conseillé de vacciner les lapereaux plus tôt car les anticorps maternels, s'ils protègent peu, gênent la prise vaccinale. Premier rappel à 10 semaines d'âge avec un vaccin homologue (SG33), soit 6 semaines après. Rappels enfin tous les quatre mois. En milieu infecté, on pourra faire des rappels plus rapprochés à définir avec le vétérinaire en fonction du contexte épidémiologique.
Il ne faut cependant pas trop raccourcir l'intervalle entre deux vaccinations et ne jamais descendre en dessous de 6 semaines. Lorsqu'on met en place une vaccination, il serait souhaitable de pouvoir raisonner en fonction de chaque animal. C'est en général difficile en élevage industriel ce quioblige à des adaptations de protocoles prenant le groupe en compte et non l'individu.

TRAITEMENT

Il n'existe aucun traitement contre la myxomatose. Par ailleurs, l'immunité développée suite à une infection est faible. Elle ne met pas le lapin à l'abri d'une autre contamination par un virus plus pathogène. La persistance du virus dans un élevage et le risque potentiel que cela représente pour le reste du cheptel nous fait conseiller l'abattage et la destruction du lapin contaminé et de son environnement (paille ... ).
Dans le cas des lapins nains de compagnie isolés, éloignés de tout élevage, on pourra faciliter l'alimentation, notamment par des perfusions, et on mettra en place une antibiothérapie pour détruire les germes de surinfection (Pasteurelles).
Parallèlement, des pulvérisations de produit virucide seront appliquées matin et soir sur le matériel d'élevage et le lapin. Les chances de guérison sont faibles sur des lapins qui n'ont jamais été vaccinés et un peu meilleures sur des animaux mal vaccinés. On veillera à une désinfection maximale pour éviter la diffusion du virus.

 


 LA VHD OU MALADIE HEMORRAGIQUE VIRALE

IMPORTANCE DE LA MALADIE
La VHD touche essentiellement des lapins adultes ou pré-adultes, rarement de jeunes lapereaux. Alors qu'on n'observait auparavant jamais de VHD clinique sur des lapins de moins de 10 semaines, on constate néanmoins ces dernières années des contaminations sur des lapereaux de plus en plus Jeunes.
Les élevages en clapiers artisanaux qui distribuent une alimentation à base de fourrages verts sont les plus exposés mais, depuis 1988, plusieurs élevages industriels ont également été contaminés. Il ne semble pas y avoir de saison favorable au développement de la maladie.
En cas de contamination, la mortalité des reproducteurs non vaccinés dépasse toujours 50 %.

 
ORIGINE DE LA MALADIE
C'est une maladie apparue durant l'été 1988 en France. Si elle a été découverte en 1984
en Chine, on a pu mettre en évidence sur des sérums conservés depuis 1975 en Tchécoslovaquie
la présence d'anticorps anti VHD. Le virus était sans doute déjà présent à cette époque, peut-être sous une forme moins virulente. Quoi qu'il en soit, la Corée, l' Eqypte, de nombreux pays de l'Europe centrale et de l'Europe de l'Ouest étaient touchés en 1986. Après la France, l'Espagneet le Portugal, d'autres comme le Mexique furent contaminés en 1989.
 
 
TRANSMISSION DE LA MALADIE
La transmission peut se faire de lapin à lapin. Ainsi, dans une cage où un animal a été contaminé, on peut observer les premiers symptômes avec un décalage de 24 heures par rapport au lapin contaminant. Il semblerait donc qu'une excrétion puisse avoir lieu 24 heures après la contamination, lors du pic thermique (voir plus loin) ce qui est rapide. Naturellement, la transmission peut également être orale. Les fourrages contaminés et les cadavres sont des vecteurs potentiels. Cela expliquerait en partie pourquoi les élevages fermiers sont plus touchés
que les élevages industriels. Le virus n'est pas détruit par la congélation et une viande contaminée peut ainsi être transportée d'un pays à l'autre en implantant le virus dans le pays importateur.
 
SYMPTÔMES ET LÉSIONS
La  maladie a une évolution très rapide. Toutefois, on notera une phase de courte durée précédant la mort durant laquelle l'animal semble avoir beaucoup de difficulté à respirer. Il se poste dans un coin de sa cage, les pattes avant étirées, la tête souvent
en l'air et semble souffrir. A ce stade, il est en hypothermie (autour de 38°) . La veille, il aura exprimé un pic thermique qui s'élève jusqu'à 41,5 oc. Rappelons que la température normale d'un lapin se situe autour de 39,1 oc.
Les lésions sont caractéristiques. On peut observer du sang autour des narines  ou du sang à l'anus dans 10% des cas environ. L'autopsie révèle un processus hémorragique marqué avec une trachéite jnucohémorragique, des pétéchies, voire des zones hémorragiques plus étendues, sur le
poumon, des pétéchies sur le thymus. De façon moins constante, on peut observer une congestion ou des hémorragies au niveau des reins, de la rate, des intestins.
La rate, les ganglions et le thymus sont hypertrophiés et congestionnés. Le foie prend l'aspect de foie cuit (il se décolore et augmente de volume). On observe parfois que les organes prennent une teinte jaunâtre. L'histologie révèle des foyers de nécrose hépatique, un oedème, une nécrose du thymus et une C1VD (coagulation intravasculaire disséminée) sur le foie, le rein, le poumon.
 
PRÉVENTION
Rappelons qu'il est possible que les insectes soient des vecteurs passifs de virus. On sera donc très vigilant quant à la qualité des fourrages distribués (ne pas donner ceux provenant d'un champ qui abrite des lapins sauvages, très sensibles à la maladie).
En période d'épizootie (lorsque la région est contaminée), on n'apportera pas de verdure, même à titre de friandise (attention aux lapins de compagnie). Le matériel de tatouage (souvent mis en
commun) sera désinfecté rigoureusement entre deux élevages.
Les prêts et les échanges de reproducteurs seront stoppés.
Mais toutes ces précautions ne valent pas la vaccination. C'est le plus sûr et le plus efficace
moyen pour prémunir son élevage contre la VHD .
La vaccination est recommandée pour tous les reproducteurs d'élevages industriels, elle
est obligatoire pour la plupart des expositions ou regroupements de lapins.
Actuellement, on considère que sept jours après la vaccination, les lapins sont protégés contre le virus.
Lorsqu'un lapin vacciné est mis en présence du virus, son taux d'anticorps augmente tout comme le ferait un rappel de vaccination .  Quand on veut protéger de manière stable et forte un cheptel, notamment en régions contaminées, il est possible de conseiller une primo-vaccination à un mois puis un rappel à deux mois d'âge. Un rappel huit mois après suivra. Dans la majorité des élevages
industriels, la primo-vaccination a lieu en maternité à 8 semaines puis un rappel est effectué tous les six mois. Les lapins destinés à la consommation reçoivent une injection unique ou ne sont pas vaccinés.
 
TRAITEMENT
Il n'existe aucun traitement possible.
 
 



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